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La foi pour les nuls

Un Dieu unique est connu dans toutes les civilisations

 

       Table des matières
              Dieu caché derrière sa Création
              Dieu caché derrière sa Parole
              Dieu caché s’est fait connaître

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Dieu caché derrière sa Création

On pourrait croire que cette affirmation, Dieu est une Personne, est un à priori d’une culture judéo-chrétienne qui aurait déjà préalablement le préjugé d’un Dieu unique, et qui le rendrait « vivant ».

Mais non, croire en un Dieu unique est loin d’être le propre des judéo-chrétiens. Cela est avéré par exemple dans certains textes de l’Inde, chez les taôistes en Chine, ainsi que chez la plupart des animistes.

Dans un texte vieux de 1000 à 1500 ans avant JC, dans le Rig Véda en Inde se trouve un récit de création du monde par un Être unique : « 1. Rien n'existait alors, ni visible, ni invisible. Point de région supérieure ; point d'air ; point de ciel. Où était cette enveloppe (du monde) ? Dans quel lit se trouvait contenue l'onde ? Où étaient ces profondeurs impénétrables (de l'air) ? 2. Il n'y avait point de mort, point d'immortalité. Rien n'annonçait le jour ni la nuit. Lui seul respirait, ne formant aucun souffle, renfermé en lui-même. Il n'existait que lui. 3. Au commencement les ténèbres étaient enveloppées de ténèbres; l'eau se trouvait sans impulsion. Tout était confondu. L'Être reposait au sein de ce chaos, et ce grand Tout naquit par la force de sa piété. 4. Au commencement l'amour fut en lui, et de son esprit jaillit la première semence.[1]»

Le Rig Véda en Inde est le livre saint de la religion védique vers 1.500 ans avant JC. Le védisme est la « mère » des religions de ce continent d’Inde, dont aujourd’hui surtout l’hindouisme. Le bouddhisme, autre grande religion actuelle, né au Népal vers 500 avant JC autour d’un homme parfois divinisé, appellé le Bouddha, est un syncrétisme religieux et philosophique des cultures environnantes ; certaines de ces branches nient Dieu.

Dans le Zhuang Zi en Chine, le philosophe taôiste Tchouang-tseu vers 400 avant Jésus-Christ, écrit par exemple « Au grand commencement de toutes choses, il y avait le néant de forme, l’être imperceptible ; il n’y avait aucun être sensible, et par suite aucun nom. Le premier être qui fut, fut l’Un, non sensible, le Principe. On appelle tei norme, la vertu émanée de l’Un, qui donna naissance à tous les êtres. » (Tchouang-tseu, Zhuang Zi, chap. 12.H). Le « néant de forme » ou « non-être de forme » ne veut pas dire le néant tout court qui est appelé « néant d’être », car Tchouang-tseu écrit aussi « Le néant d’être ne peut être conçu comme existant. Mais voici, existant, le néant de forme (l’être infini indéterminé). C’est là l’apogée, c’est le Principe ! » (chap. 22.I.).

 

On voit parfois le Tao Tei King expliqué en occident sans expliquer la signification réelle de ce qu’est le Principe. On comprend parfois dans les commentaires occidentaux que les êtres sont issus du néant, c'est-à-dire du rien. Mais en réalité, dans le Zhuang Zi comme dans le Tao Tei King, ce « néant de forme », appelé aussi « non-être » ou « non-être de forme », n’est pas le rien, mais est bien Dieu.

Le Tao Tei King débute en effet au premier chapitre par une cosmogonie décrivant un être existant de lui-même, éternel, infini, qui créa le ciel et la terre, puis donna naissance à tous les êtres : « Avant les temps, fut un être ineffable, innommable. Alors qu’il était encore innommable, il conçut le ciel et la terre. Après qu’il fut ainsi devenu nommable, il donna naissance à tous les êtres. […] Avant les temps, et de tout temps, fut un être existant de lui-même, éternel, infini, complet, omniprésent. Impossible de le nommer, d’en parler, parce que les termes humains ne s’appliquent qu’aux êtres sensibles. Or l’être primordial fut primitivement, et est encore essentiellement non sensible. En dehors de cet être, avant l’origine, il n’y eut rien. On l’appelle ou néant de forme, huan mystère, ou tao principe. » (Tao Tei King chap. 1).

Au chapitre 43 du Tao Tei King, le non-être est une substance molle qui use le dur, ceci signifie bien que ce non-être, comme dans le Zhuang Zi autre texte du Tao, est l’être primordial, ou néant de forme : « Partout et toujours, c’est le mou qui use le dur (l’eau use la pierre). Le non-être pénètre même là où il n’y a pas de fissure (les corps les plus homogènes, comme le métal et la pierre). Je conclus de là, à l’efficacité suprême du non-agir. ».

 

Il existe donc pour les chinois un Être infini, qui est dit « néant de forme » car la forme est, en philosophie taoïste, ce que l’homme peut appréhender par la sensation, le Principe n’ayant pas de forme est donc « non sensible », c'est-à-dire non connaissable en Lui-même par la sensation, ce qui n’empêche pas le Tao de le connaître par la raison comme nous le montrons ci-dessous.

 

Il nous est dit et répété en occident de l’Inde et de la Chine que leurs religions ne croient pas en un Dieu personnel, en un Principe explicitement doté d’une personnalité transcendante. On dit que l’Inde croit seulement en le panthéisme, un Grand Tout dit impersonnel dont les hommes et l’univers sont les composants. Il en est tiré comme conclusion que le raisonnement ne mène pas nécessairement à un Dieu personnel. Pourtant il faut lire certains de leurs textes fondateurs, bien antérieurs au christianisme, qui expriment clairement le contraire et vont jusqu’à appeler et prier un unique Dieu personnel, principe de tout ; chez les taôistes chinois aussi, un exemple est donné ici plus bas avec Tchouang-tseu. En Inde les Upanishads regorgent d’exemples.

Donnons ici les trois premiers vers d’une des plus anciennes Upanishad l’Aitareya, c’est une prière : « Om[2] ! Que mon discours reflète et s'accorde à mon esprit; Que mon esprit reflète mon discours. Ô l'Unique, irradiant Ta propre splendeur, révèle-Toi à moi. ». Voilà qui est absolument parlant ! Par le « discours », c'est-à-dire la raison, l’auteur infère un Etre Suprême ; mais il voudrait par une prière de demande que cet être se révèle à lui, c'est-à-dire s’adresse à son esprit. Son discours considère bien une Personne que son esprit n’a pas encore rencontrée mais espère.

Ensuite voici les premiers vers de cette Upanishad : « Au temps des commencements, il n'existait que le Soi absolu, et uniquement Lui. Il n'existait rien d'autre, de quelque nature que ce soit, qui puisse émettre une lueur. Le Soi pensa : « Je vais créer les mondes. » Et aussi dans la Brihadaranyaka Upanishad : « Au temps des origines, cet univers était uniquement le Soi, Viraj, sous la forme d'une personne. Il réfléchit et ne trouva rien à part Lui. Sa première parole fut : "Je suis Celui-qui-est" ».

 

Toutes les civilisations du monde croient en un Dieu Personne unique, même les animistes. Il faut absolument lire par exemple ce qui est dénommé « mythes » cosmogoniques.

 

Par exemple la magnifique cosmogonie[3] des Dogons du Niger, dont voici le début « Les étoiles provenaient de boulettes de terre lancées dans l’espace par le dieu Amma, dieu unique.[4]».

Autre exemple avec Wakan Tanka le « Grand-Esprit » de l’histoire de la Pipe sacrée des Sioux ; ce nom est aussi possiblement traduit par « Grand Pouvoir Mystérieux » ou même par « Grande Médecine ». Ce Wakan Tanka est une personne, père, source de la lumière, demeure des âmes, « Notre Grand Père Wakan Tanka, Tu es tout, et néanmoins Tu es au-dessus de tout ! Tu es le Premier. Tu as toujours été. » « Tu es la source et la fin de toutes choses… qui maintient toute vie [5]».

 De même dans l’Avesta, une cosmogonie iranienne, « Yaçna I-l. J'offre, j'accomplis (ce sacrifice) en l'honneur d'Ahura-Mazda, le créateur, brillant, majestueux, très-grand, très-bon, très-beau, 2. Très ferme, intelligence suprême, de forme parfaite, le plus élevé en pureté, 3. Esprit très-sage, qui répand la joie au loin ; 4. (D'Ahura) qui nous a créés, qui nous a formés et nous a nourris ; lui, l'esprit, qui donne à tout son développement. ».

De même en Polynésie française : « Ta’aroa (l’unique) était l’ancêtre de tous les dieux. Il créa tout. Depuis des temps immémoriaux existait le grand Ta'aroa, Tahi-tumu (L'origine). Ta'aroa se développa lui-même dans la solitude; il était son propre parent, n'ayant ni père ni mère.[6] ».

 De même pour les amérindiens Maya Hunab Ku serait une divinité Maya inhabituelle, un dieu-créateur unique suprême des Mayas du Yucatán. Son nom signifie "un" (hun) "état d'être" (ab) "dieu" (ku). Hunab Ku était le dieu créateur des Mayas qui rétablit le monde après les trois déluges qui se déversèrent de la bouche du serpent du ciel. Les sources seraient au 16ème siècle le « dictionnaire de Motul » ou le « codex Magliabechiano ».

 

Un Dieu, considéré comme une Personne existe donc dans les cosmogonies des quatre coins du monde. Ce qui semble distinguer la culture juive des autres cultures est que Dieu s’y révèle lui-même comme vivant, parlant à des prophètes en disant « Je ».

 

Hormis la culture judéo-chrétienne, il n’est pas raconté spécifiquement d’expérience de révélations de Dieu en tant que « Je » dans les textes du monde. Sans considérer d’éventuels cas particuliers d’expériences de tel ou tel homme, si on en reste aux écrits de ces nations qui sont les trésors de leurs cultures et le reflet de leurs pensées et expériences communes, alors il faut remarquer que les judéo-chrétiens constatent un Dieu vivant avec eux et leur parlant, et que les autres cultures infèrent ou induisent un Dieu ne parlant pas directement aux hommes. Dans la bible Dieu parle ; dans les autres cultures des hommes, des sages, parlent de la Personne de Dieu. Dans ces cultures, le monde existant est en lui-même manifestation divine, Dieu est inféré de l’observation du monde. La manifestation de Dieu se fait par l’observation du monde, et aussi d’après les judéo-chrétiens par Dieu en Personne. Par l’observation du monde, ce n’est pas Dieu qui se manifeste comme vivant, c’est l’homme qui fait une démarche de connaissance vers Lui, jusqu’à le connaître comme une Personne vivante, mais sans expérience directe de la vie Divine. D’où la demande pathétique dans cet ancien texte de l’Inde, l’Aitareya (cf. ci-dessus), « Que mon esprit reflète mon discours. …, révèle-Toi à moi », où celui dont la raison a inféré Dieu comme Personne lui fait alors la prière de se révéler aussi personnellement. Dans le judaïsme Dieu est aussi masqué mais vivant derrière sa parole qu’il adresse aux hommes (aux prophètes), avec le christianisme c’est Dieu en Personne qui s’incarne.

 

Ailleurs dans les textes du monde Dieu est masqué derrière le monde matériel tel qu’il apparaît à la sensation, monde sensible par lequel l’intelligence humaine infère la personne du Créateur. En chine vers 400 avant J.C. le Zhuang Zi formule : « Au fond de tout est la nature. Dans les profondeurs de la nature, est le pivot de tout (le Principe), qui paraît double (yinn et yang) sans l’être réellement, qui est connaissable mais non adéquatement. L’homme arriva à le connaître, à force de le chercher. S’étendant au delà des limites du monde, son esprit atteignit (le Principe) la réalité insaisissable, toujours la même, toujours sans défaut. C’est là son plus grand succès. Il l’obtint en raisonnant, d’après les certitudes déjà acquises, sur les choses encore incertaines, qui devinrent peu à peu certaines à leur tour, la connaissance du Principe étant la certitude finale suprême. » (Zhuang Zi, chap. 24.M, 4ème siècle av. JC). Le Tao Tei King vers 600 avant JC écrit quant à lui : « Voici que être est le Principe : il est indistinct et indéterminé […] Comment sais-je que telle fut l’origine de tous les êtres ? Par cela (par l’observation objective de l’univers, qui révèle que les contingents doivent être issus de l’absolu). [7]». Et vers 400 avant JC, le Zhuang Zi écrit : « De cette notion de l’univers, nous pouvons remonter à la connaissance confuse de sa cause, le Principe. C’est la seule voie. On peut dire du Principe seulement qu’il est l’origine de tout, qu’il influence tout en restant indifférent [8]».

 « tout en restant indifférent » : devant cette « indifférence de Dieu », c’est ainsi qu’un panthéisme purement matérialiste, comme il est le plus souvent compris en occident, peut finalement naître aussi en dehors de la philosophie orientale, sans doute est-il une erreur ou une simplification d’une école de pensée qui ne va pas jusqu’à reconnaître la Personne Divine cachée, au contraire d’autres textes plus anciens (cf. ci-dessus par exemple la prière de l’Aitareya : « Om ! Que mon discours reflète et s'accorde à mon esprit; Que mon esprit reflète mon discours. Ô l'Unique, irradiant Ta propre splendeur, révèle-Toi à moi. »). Ce panthéisme matérialiste est incomplet s’il ne reconnaît pas cette Personnalité Divine.

La mentalité occidentale commune, celle de tous les jours, considère le panthéisme comme l’univers entier pris matériellement parlant. Le corps humain est un assemblage de cellules en intercommunication. L’individu considéré dans son milieu n’est qu’un rouage de la grande machine bien huilée de l’écosystème de l’univers. Globalement pris, « l’individu unique » qu’est l’écosystème, ce Grand Tout, englobe tous les corps en interaction, minéraux, végétaux et animaux.

 Mais le tao oriental a une conception du Grand Tout qui n’est pas celle rapportée en occident. En Chine, le Grand Tout est le « Principe primordial, le grand Vide, le grand Tout ». Le Grand Tout, ou grand Vide est celui qui créa tous les êtres : « Le Principe foisonne et produit, mais sans se remplir. Gouffre vide, il paraît être (il est) l’ancêtre (l’origine) de tous les êtres. » (Lao-tzeu, Tao Tei King, livre 1, chap. 4). Le « grand vide », dénommé ici « gouffre vide » est une apparence de vide. Ailleurs le « grand vide » est appelé « néant de forme » car inapparent à la sensibilité humaine, ce « grand vide » semble vide car l’homme n’est pas capable de le percevoir par ses sens propres. Il ne faut pas faire l’erreur de croire que « grand vide » serait équivalent à  « rien ». Ce « grand vide », appelé ainsi car il est non sensible à l’être l’humain, est l’être vivant primordial différencié dans le Yin (matière) et le Yang (ciel), ses deux modalités d’existence : « Les deux modalités de l’être s’étant différenciées dans l’être primordial, leur giration commença, et l’évolution cosmique s’ensuivit. L’apogée du yinn (condensé dans la terre), c’est la passivité tranquille. L’apogée du yang (condensé dans le ciel), c’est l’activité féconde. ».

 

A propos du Grand Tout, ou Grand vide, ou Principe on trouve encore cette formulation pédagogique du Zhuang Zi :

« L’Infini a eu raison de dire qu’il ne savait rien de l’essence du Principe. L’Inaction a pu dire qu’elle le connaissait, quant à ses manifestations extérieures.

Frappée de cette réponse, Pureté dit :

— Ah ! Alors, ne pas le connaître c’est le connaître (son essence), le connaître (ses manifestations) c’est ne pas le connaître (tel qu’il est en réalité). Mais comment comprendre cela, que c’est en ne le connaissant pas qu’on le connaît ?

— Voici comment, dit l’Etat primordial. Le Principe ne peut pas être entendu ; ce qui s’entend, ce n’est pas lui. Le Principe ne peut pas être vu ; ce qui se voit, ce n’est pas lui. Le Principe ne peut pas être énoncé ; ce qui s’énonce, ce n’est pas lui. Peut-on concevoir autrement que par la raison (pas par l’imagination), l’être non-sensible qui a produit tous les êtres sensibles ? Non sans doute ! ».

 

Dans la bible, le peuple d’Israël avec les chrétiens connaît Dieu comme une Personne vivante avec laquelle il a quasiment une expérience de vie commune, Dieu est comme un membre de la famille, bien que souvent masqué derrière sa parole. Chez les orientaux, c’est toujours un sage, un homme, qui parle de Dieu aux autres. Un enseignement d’Inde fait dire au Dieu qu’ils n’ont pas rencontré personnellement : « Je suis Celui-qui-est [9]» ! Soit exactement ce que Dieu dit de lui-même à Moïse[10] dans la bible. Ainsi cette Brihadaranyaka Upanishad de l’Inde ancienne décrit Dieu, selon la même formulation que la bible juive où Dieu se décrit Lui-même. Dans la bible, c’est Dieu qui vit avec les hommes et les enseigne, la connaissance de Dieu n’est pas du domaine de la philosophie, mais d’une révélation de Dieu Lui-même par sa Parole.

D’après la bible Dieu se révèle au monde entier, judaïque et non judaïque, dans le cadre de l’alliance avec Noé. En (Gn 9,8) « Dieu adressa la parole à Noé et à ses fils » ; cependant entre cet épisode de Noé et l’appel d’Abraham, notamment à Babel, Dieu n’est plus montré dans la bible adressant la parole aux hommes durant cette période. Le signe divin de l’alliance avec Noé étant un arc dans le ciel (Gn 9, 13), vraisemblablement l’arc multicolore qui apparaît quand la pluie est traversée par le soleil, on peut penser qu’ainsi, Dieu dit se montrer plus généralement par le monde sensible naturel aux hommes de cette alliance avec Noé, c'est-à-dire au monde entier.

 Après l’alliance avec Noé, le signe de l’alliance de Dieu particulièrement avec les descendant d’Abraham sera la circoncision (Gn 17, 10). Cependant, ce signe personnel ne semble pas le signe d’une relation personnelle avec Dieu. En effet dans l’ancien testament, Dieu ne parle personnellement qu’à très peu d’israélites que sont les rares prophètes. De plus les descendants du premier fils d’Abraham, Ismaël, c’est à dire le monde arabe, ne rapportent pas dans leurs cultures pouvoir établir une relation personnelle avec Dieu ; et surtout la religion musulmane professe même qu’une relation personnelle d’un homme avec Dieu n’existe pas.

 Et, en complément du spectacle de la création comme signe extérieur de Dieu, Dieu donne à l’homme une intelligence faite pour le trouver. Le travail de l’intelligence mène à Dieu comme le montre la philosophie orientale comme occidentale. On connaît par exemple la démonstration d’Aristote de la non régression à l’infini de la chaîne des causalités. C'est-à-dire qu’on doit penser qu’à l’origine des causes, il existe une cause qui n’est causée par aucune cause, qui n’est elle-même pas causée ; cette cause de tout est appelée cause première. Le tao chinois, fait le même raisonnement, environ à la même époque qu’Aristote, mais réduit à la cause des êtres sensibles : « Il répugne logiquement que les êtres sensibles aient été produits par d’autres êtres sensibles en chaîne infinie. (Cette chaîne eut un commencement, le Principe, l’être non-sensible, ...)[11]». Il est intéressant de noter que les deux sources éloignées à l’origine de ces raisonnements de logique s’objectivent mutuellement. En effet, si deux mondes aussi éloignés que la Grèce d’Aristote et la Chine de Tchouang-tseu vers 400 avant JC avaient ce même raisonnement, il est plus probable qu’il soit vrai.

 La bible dit que les hommes, un par un, reconnaîtront Dieu par le moyen de son œuvre, dont la création matérielle fait partie : « Il (Dieu) marque d’un sceau la main de tous les hommes, de sorte que un par un ils auront reconnu son œuvre [12] » (Job 37, 7). La bible dit même de quelle manière l’intelligence fait connaître Dieu : « Car la grandeur et la beauté des créatures font connaître par analogie Celui qui en est le Créateur » (Sg 13, 1-5). L’analogie est en effet un automatisme ontologique, un principe inné de l’intelligence.

 

On se rappelle aussi d’après la bible, que Dieu se révèle au monde entier, judaïque et non judaïque, dans le cadre de l’alliance avec Noé. En (Gn 9,8) « Dieu adressa la parole à Noé et à ses fils ». Le signe divin de l’alliance avec Noé étant un arc dans le ciel (Gn 9, 13), sans doute l’arc multicolore qui apparaît quand la pluie est traversée par le soleil, on pouvait penser qu’ainsi, Dieu dit se manifester par le monde sensible naturel aux hommes de cette alliance avec Noé, c'est-à-dire au monde entier. C’est effectivement ce que dit le taoïsme chinois.

 

Dieu caché derrière sa Parole

Différemment donc des autres parties du monde, dans la bible judéo-chrétienne Dieu parle lui-même explicitement aux hommes. Mais la bible entretient parfois de savantes mises en scène pour formuler les rencontres avec Dieu.

 

Dans certains livres (Genèse, Exode, Juges…) les expressions « Dieu » et « l’ange de Dieu » semblent interchangeables. Dans le livre de la Genèse, Jacob lutte corporellement avec un homme qui lui dit non pas « tu as lutté avec moi qui suis Dieu » mais « tu as rivalisé avec Dieu et avec les hommes » (Gn. 32, 29); s’est-il battu ici corporellement contre un homme, ou contre Dieu ? ar deux versets plus loin (v. 31), le narrateur écrit que Jacob a « vu Dieu face à face » à l’endroit de cette lutte. Celui avec qui se bat Jacob est dit être un ange, et malgré cela il est écrit de Jacob qu’il a lutté avec Dieu, et vu Dieu face à face !

Dans Ezéchiel (43, 6), l’homme qui parle dans le temple semble être Dieu puisqu’il dit que le lieu de son trône est le temple, et prend à son compte la promesse de Dieu d’habiter à jamais avec Israël : « Et j'entendis (Ndla : le prophète Ezéchiel parle) qu'on me parlait du dedans de la maison, un homme se tenait debout à côté de moi. Il me dit : « Fils de l'homme, c'est ici le lieu de mon trône, le lieu où je poserai la plante de mes pieds, où j'habiterai au milieu des enfants d'Israël à jamais. »

La preuve que l’homme qui parle dans le temple est Dieu, est que plus loin en (Ez 44,2) le même homme qui parle est présenté comme Dieu, qui lui-même parle de lui-même comme étant Dieu : Ezéchiel parle, « Et Yahweh me dit : « Ce portique sera fermé ; il ne s'ouvrira pas, et personne n'entrera par là, car Yahweh, le Dieu d'Israël, est entré par là ; et il sera fermé ».

 Le style du narrateur rend peu explicite dans tout ce texte d’Ezéchiel le fait que l’homme qui fait visiter le temple est Yahvé (Dieu).

 Il y a ici dans ce texte d’Ezéchiel deux termes, homme et Dieu, entremêlés pour désigner une même personne. Avec la lutte de Jacob il y a semi confusion entre ange et Dieu. Ces hommes ne sont pas nécessairement des anges (des envoyés) mais parfois Dieu lui-même.

Il arrive que des anges (des envoyés) apparaissent et soient reconnus comme des anges (des envoyés), par exemple les deux qui apparaissent resplendissants aux femmes le matin de la résurrection de Jésus-Christ (Evangile de Jean 20, 12); ou qu’un ange se montre en tant qu’homme quitte à se dévoiler un moment donné comme étant aussi un ange « Je suis l'ange Raphaël » dit un homme en (Tobie 12, 15). En fait il n’y a pas de confusion entre homme ou ange, car bibliquement ange n’est pas un être d’une nature particulière comme l’homme ou Dieu, mais désigne une fonction d’envoyé ; un ange de Dieu est un envoyé de Dieu : en latin le nom « angelus » signifie « messager ».

Dans le récit de la destruction de Sodome, en (Genèse 18, 1), trois hommes apparaissent à Abraham et sont appelés Yahvé, mais on ne sait pas vraiment si Yahvé désigne les trois hommes ou seulement l’un des trois ? Puis "les" hommes partent vers Sodome au verset 16 ; Abraham les reconduit mais Yahvé continue de lui parler ; puis plus tard (Gn. 19, 1) ce sont deux anges qui arrivent à Sodome ! On comprend alors dans ce chapitre que c’est l’un des trois hommes qui est appelé Yahvé par Abraham, et que les deux autres hommes qui accompagnent Yahvé sont des anges, mais cette compréhension demande un effort de lecture attentive de tout le chapitre.

 

Donc plus haut dans le texte d’Ezéchiel, et ici lors de la destruction de Sodome, Yahvé Dieu est vraiment désigné comme un homme qui parle explicitement à Abraham.

 

Parfois Dieu envoie explicitement un ange, c'est-à-dire un messager. Lors de l’Annonciation, Marie n’a pas rencontré Dieu, mais l’ange Gabriel.

Le oui de Marie, le modèle chrétien de foi parfaite, s’exprime à cet instant dans une relation avec Gabriel, non directement avec Dieu ; « qu'il me soit fait selon ta parole » (Lc 1, 38) dit-elle à Gabriel, non à Dieu.

 Luc dans son évangile (Luc 7, 6) nous montre la foi d’un centurion sans qu’il nous ait relaté la rencontre de ce centurion avec Dieu, ni la rencontre physique avec Jésus-Christ son fils, puisque ce centurion envoie ses serviteurs vers Jésus lui demander : « Maitre ne te dérange pas… dis une parole et mon serviteur sera guéri ». La réponse de Jésus-Christ sera : « Je vous le dis : même en Israël je n'ai pas trouvé une si grande foi ». Chez Luc, ce qu’il appelle la foi n’est pas lié à une rencontre personnelle avec Dieu dont il n’est pas dit qu’elle ait eu lieu.

 

La plupart du temps le mode de rencontre avec Dieu n’est pas détaillé dans la bible : « Yahweh dit à Abram : … », une parole est donnée et c’est tout. On sait d’après le sens du début du livre de la genèse que « dire » exprime aussi la puissance créatrice de Dieu, « Dieu dit : " Que la lumière soit ! " et la lumière fut », et non seulement qu’il est devant un homme à tenir une conversation. Cela veut dire que celui à qui est adressée la parole divine a certainement compris intellectuellement la signification de la communication de Dieu, mais cela ne signifie rien concernant le moyen par lequel est établi la communication. Par exemple Dieu parle-t-il par une voix extérieure ou intérieure[13], une intuition mentale, un envoyé visible au seulement audible, un songe,… ? Le sens biblique de « Yahweh dit à Abram : … » ne nécessite donc pas une rencontre personnelle entre Abram et Dieu, mais ne l’exclue pas non plus.

 

Dieu, un homme ne peut le voir sans mourir (d’après Exode 33, 20), et on peut seulement le connaître par le Verbe dit l’évangéliste Jean (1, 18). Si un homme ne peut pas voir Dieu sans mourir — Que penser alors de ceux qui disent que la foi n’est pas la croyance en un contenu d’idées mais de l’ordre d’une relation personnelle à Dieu ?

En fait la foi serait plutôt de l’ordre d’une relation personnelle, non à Dieu, mais au Fils de Dieu. En effet, si Dieu choisi le Verbe (le Christ) comme médiateur entre les hommes et Lui, et que le Verbe est fils de Dieu, la relation homme à Dieu est donc une relation par le média du Verbe, donc une relation au fils de Dieu. Et qu'est le Verbe sinon le porte parole, et qu'est sa parole sinon un contenu verbal explicite à notre portée humaine ? Et comment entretenir une relation personnelle avec le Verbe sans le truchement de sa parole par laquelle il se présente à nous ?

 

Toute la bible, en tant qu’un écrit, nous raconte la rencontre avec Dieu par le média de sa parole, qui est bien de prime abord un contenu d’idées intelligibles. Mais en plus cette parole est efficace, par exemple le centurion (cf. ci-dessus) demande au Verbe Jésus-Christ une parole qui guérit « dis une parole et mon serviteur sera guéri ». Lors de l’Annonciation à Marie (cf. ci-dessus), Luc prend la peine de préciser que « Marie fut perturbée par ces paroles » (Luc 1, 29), ce n’est pas le mode de rencontre en soi qui est efficace, c’est l’effet de la parole comprise par l’intelligence de Marie, l’effet du sens des paroles. La preuve est qu’elle répond dans le même mode en posant une question sur le comment de la possibilité de l’annonce. En effet Gabriel lui annonce qu’elle enfantera sans avoir connu d’homme ! Donc par « l’efficacité de la Parole ».

 Et même ; la personnalité de celui qui apporte la parole, si le média est une personne, ne joue qu’un rôle second. L’ange médiateur n’est lui-même qu’un signe qui renvoie à Dieu, dans la bible il n’exprime jamais sa propre personnalité, comme un ambassadeur il s’efface personnellement. De plus, La personnalité de l’ange médiateur, ainsi que sa conduite généralement bonne ou mauvaise, n’ont pas le temps matériel d’être connus de sainte Marie dans le simple entretien de Gabriel avec sainte Marie ; preuve s’il en est de la seule importance de ce que porte Gabriel, une parole, et non pas de la rencontre interpersonnelle en soi. Prenons l’exemple de sainte Bernadette ; après l’apparition de la Vierge Marie à Lourdes, sainte Bernadette dépêchée auprès de son curé, lui raconte ce qu’elle a à dire puis lui répond cette fameuse réplique : « je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ». C’est bien la parole elle-même, et non son messager, qui est efficace.

 

Dans la bible certains ont la foi sans avoir ou avant d’avoir rencontré Dieu, ou seulement ayant rencontré un envoyé, ou ne sachant pas qui ils ont rencontré. Il est donc délicat, sans préciser plus, de parler à propos de la foi, d’une relation personnelle à Dieu dans ces rencontres. Ces personnages ont personnellement fait une certaine rencontre de Dieu, qui peut n’être qu’implicite par une « intuition mentale » par exemple, mais ne l’ont pas nécessairement rencontré en personne. La Parole est à entendre au sens large comme un ensemble de signes sensibles (visibles, audibles, tactiles,…) renvoyant à un signifié intelligible.

Si les narrateurs de la bible, conduits par l’Esprit-Saint dont la personne est divine comme celle de Jésus-Christ (pour les chrétiens), avaient jugé important de clarifier cet aspect de la relation avec Dieu, ils l’auraient fait plus explicitement. Il nous faut donc comprendre la manière biblique de raconter ces « rencontres divines », comme la manière réelle que Dieu veut employer.

 

Par sa création l’existence de Dieu est induite par la raison, mais les particularités de Dieu ne peuvent être connues que par la médiation de sa parole par le Christ. Toute la bible nous montre que la foi est relative à une parole, donc à un contenu intelligible, mais à entendre comme actif en l’homme proportionnellement à sa bonne volonté.

 

« Ainsi la foi naît de ce qu’on entend ; et ce qu’on entend, c’est par la parole du Christ » dit l’apôtre Paul (Romains 10, 17). En fait ce n’est ni directement la « rencontre » de Dieu, ni la parole simplement formulée qui peut ne rester que lettre morte, mais la parole active, parole efficace, qu’il faut considérer en relation avec la foi. La parole divine n’est pas à considérer seulement selon la lettre, c'est-à-dire selon la seule forme verbale en soi, mais la parole divine active est la parole proférée augmentée de sa résonance particulière en un homme. Cette compréhension en l’homme est bonne si l’Esprit-Saint en est l’auteur : « Quant au Paraclet (nom propre), Esprit-Saint, qu’enverra le Père en mon nom, Lui vous enseignera toutes choses et apportera/suggérera/complétera pour vous toutes  choses, que j’ai dit pour vous. » (Jn 14, 26). C’est ce qu’illustre la réponse ci-dessus de sainte Bernadette : « je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ». Sainte Bernadette donne à son curé la parole de sainte Marie, et c’est l’Esprit-Saint qui cherche à faire comprendre droitement cette parole dans l’esprit du curé.

 

La parole divine active est un ensemble de signes intelligibles complexes et cohérents, déployés dans le temps, proportionnés à chaque homme et en relation avec ses actes, ses pensées et sa culture, qui lui fait comprendre par ses effets complexes en lui, raisonnement, compréhension intuitive…, que l’origine de ces signes ne sont pas humains et renvoient à une intelligence autre, réalité présente, active, toute puissante, qui nous connaît plus que nous même et ne nous veut que du bien. La parole du Christ, le Verbe de Dieu, est formelle par les mots, les signes matériels employés, et cette forme entendue ou lue par un homme est reprise en sa conscience par l’Esprit-Saint qui cherche à la faire comprendre droitement, ou par un ange, voire par un démon.

 

Dieu caché s’est fait connaître

Dans les écrits taoïstes chinois d’avant JC, il est expliqué que certains hommes, des Sages qui ont reçu du principe les qualités de roi, entendent le « verbe muet du Principe », c'est-à-dire le verbe muet de Dieu. Le sage « Se tenant à l’origine, à la source, uni à l’unité, il connaît comme les génies, par intuition dans le Principe. […] C’est qu’il a reçu du Principe les qualités qui font le roi. Il voit dans les ténèbres du Principe, il entend le verbe muet du Principe. Pour lui, l’obscurité est lumière, le silence est harmonie. » (Zhuang Zi, chap. 12.C, 4ème siècle av. JC).

 C'est-à-dire que malgré que ces écrits taoïstes chinois enseignent un Dieu masqué derrière le monde par lequel la raison humaine infère la personne du Créateur, ces mêmes écrits désignent des Sages, des hommes unis au Principe qui connaissent « comme les génies, par intuition dans le Principe », et entendent le « verbe muet du Principe ». Ainsi cette connaissance n’est pas une parole, mais de l’ordre de la connaissance « infuse » par intuition. Le « verbe muet » indique la personnification du Principe, comme nous l’avons noté au premier chapitre, un Dieu dont on n’entend pas la parole.

 

Selon le Tao dans la traduction dont nous disposons, concernant les rapport de l’être humain avec Dieu, le Grand Tout, ou Principe, « Il y a deux manières d’envisager les êtres ; ou comme des entités distinctes, ou comme étant tous un dans le grand tout. » (Zhuang Zi, chap. 5.A). L’être humain doit chercher à s’unir au Grand Tout, au créateur de tous les êtres : « L’éloge substantiel de cet homme, se résume en ces mots, qu’il est un avec le grand tout. Il est le grand tout, et n’est plus lui-même. » (Zhuang Zi, chap. 11.E).

Etre un Sage uni au Grand Tout pour un taoïste, ressemble, avec quelques différences importantes, au fait pour un catholique d’être un saint uni à Dieu. Dans le Zhuang Zi, l’être humain doit s’efforcer de remonter mentalement et moralement au Principe, pour amener sa « manière de faire (sa nature propre) » a être en conformité avec l’agir universel du Principe, et en plus son être particulier (sa personne ontologique) à l’union avec Dieu : « Chaque être a sa manière de faire, qui constitue sa nature propre. C’est ainsi que les êtres descendent du Principe. Ils y remontent, par la culture taoïste mentale et morale, qui ramène la nature individuelle à la conformité avec la vertu agissante universelle, et l’être particulier à l’union avec le Principe primordial, le grand Vide, le grand Tout. » (Zhuang Zi, chap. 12.H).

 Le Tao écrit que Dieu, le Principe, se manifeste par ses deux modalités d’existence étant différenciées en Lui, le Ciel (Yang) et la Terre (Yin). Le Sage taoïste cherche à imiter le Principe en imitant ses deux manifestations : « Le ciel et la terre, si majestueux, sont muets. Le cours des astres et des saisons, si régulier, n’est pas réfléchi. L’évolution des êtres, suit une loi immanente, non formulée. Imitant ces modèles, le sur-homme, le Sage par excellence, n’intervient pas, n’agit pas, laisse tout suivre son cours. » (Zhuang Zi, chap. 22.B). Ainsi, la recherche de l’harmonie inspire au sage taoïste la non-action, l’impassibilité. Le sage taoïste ne veut pas détruire l’harmonie du cosmos par des actions qui seraient les siennes. Aussi cherche-t-il à se fondre dans le Principe qui est cause de l’harmonie de l’univers. Il pense que s’il a des qualités, ce sont celles que lui donnent le Principe, c'est-à-dire Dieu. En effet, « L’action du Principe par le Ciel (le Yang), est infinie dans son expansion, insaisissable dans sa subtilité. Elle réside, imperceptible, dans tous les êtres, comme cause de leur être et de toutes leurs qualités. » (Zhuang Zi, chap. 12.C). Notons que la notion de non-action du sage taoïste n’est pas ce que nous entendons en occidant par inaction ; le passage suivant dit en plus : « Le Sage l’imite, agissant pour le bien de tous ».

Car dans le passage suivant du Tao Tei King on reconnaît aussi des principes évangéliques : « Le grand Principe se répand, dans tous les sens. Il se prête avec complaisance à la genèse de tous les êtres (ses participés). Quand une oeuvre est devenue, il ne se l’attribue pas. Bienveillamment il nourrit tous les êtres, sans s’imposer à eux comme un maître (pour les avoir nourris ; les laissant libres ; n’exigeant d’eux aucun retour avilissant). A cause de son désintéressement constant, il devrait, ce semble, être comme diminué. Mais non ; tous les êtres envers lesquels il est si libéral, affluant vers lui, il se trouve grandi (par cette confiance universelle).

Le Sage imite cette conduite. Lui aussi se fait petit (par son désintéressement et sa délicate réserve), et acquiert par là la vraie grandeur.

Le Sage ne thésaurise pas, mais donne. Plus il agit pour les hommes, plus il peut ; plus il leur donne, plus il a. Le ciel fait du bien à tous, ne fait de mal à personne. Le Sage l’imite, agissant pour le bien de tous, et ne s’opposant à personne. [14]»

 Dans le passage qui suit on peut faire l’analogie entre l’imitation du Principe et celle du Christ. La grande différence est que le sage taoïste imite le ciel et la terre créés par Dieu (ses deux modalités de manifestation), alors que le saint catholique imite le fils de Dieu incarné en homme[15] : « L'adage dit : Celui qui imite le Principe diminue son action de jour en jour, jusqu'à arriver à ne plus agir du tout (non-agir). Quand il en est arrivé là (au pur laisser-faire), alors il est à la hauteur de toute tâche. » (Zhuang Zi, chap. 22.A., 4ème siècle av. JC). Le même Tchouang-tseu demande de s’en remettre au destin, comme le chrétien doit s’en remettre à Dieu, car le destin dérive du Principe. « Il n'y a donc qu'à se soumettre au destin, qui dérive du Principe. » (Zhuang Zi, chap. 22.M.) ; « le Principe soutenant l'être à travers ses finir et ses devenir. »  (Zhuang Zi, chap. 6.E, 4ème siècle av. JC). (Tch6.E). Pour le Tao, s’en remettre au destin n’est pas s’en remettre au hasard, mais à Dieu.

 

Cette inaction du sage taoïste ne veut pas dire absence d’action « Où est l'homme qui arrivera à ne rien faire ? Cet homme sera lui aussi capable de tout faire. » (chap. 18.A.), « alors il est à la hauteur de toute tâche » (chap. 22.A.). Ce sage taoïste devient un « illuminé », « L’action de l’illuminé se confond avec l’action du ciel », de même que dans les évangiles, les saint deviennent « lumière du monde » (Bible, év. de Mathieu 5, 14-16). La sage taoïste, ou le saint chrétien, cherchent à renoncer aux pensées et donc aux actions d’eux-mêmes, pour avoir les pensées et les actions de Dieu. Ainsi Jésus : « ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se nie fortement lui-même, … » (Mc 8, 34). Ce Jésus est celui qui fait les actions de son Père qui est Dieu, et le suivre est faire les actions de Dieu ; il dit aussi : « je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m'a enseigné » (Jn 8, 28). Dieu le Père enseigne par l’Esprit Saint.

                                                                                                                          

Le taoïsme donne une connaissance conceptuelle de Dieu, une théologie, dont la formulation objective est incomparablement plus évoluée que n’en donne la bible de l’ancien testament, et plus ancienne que n’en donne la théologie catholique. En Chine le Tao, la Voie, formule par Tchouang-tseu que les actes des saints se confondent avec les actions de Dieu.

Le Tao a de ce point de vue un enseignement analogue au catholicisme. « Ô mon Maître ! mon Maître ! […] Toi qui fus avant les temps, et qui n’es pas vieux ! […] Savoir que je suis né par ton influence, qu’à ma mort je rentrerai dans ta voie ; que reposant je communie au yinn ta modalité passive, qu’agissant je communie au yang ta modalité active ; voilà le bonheur suprême. ! […] L’action de l’illuminé se confond avec l’action du ciel [16]».

« L’illuminé », de même que dans le catholicisme, est celui qui est « lumière du monde ». Dans les évangiles ces saints sont des envoyés du Christ Fils de Dieu. Dans ce passage du Taoïsme, l’illuminé est le disciple de son Maître à qui il parle : « Ô mon Maître ! Toi qui fus avant les temps, et qui n’es pas vieux ». Ce maître taoïste qui fut avant les temps et qui n’est pas vieux est évidemment Dieu, le Principe personnifié appelé ici « Ô mon Maître ! ». Le Yin modalité passive de ce Maître est son corps, la Terre, auquel l’état ontologique créé du disciple, sa nature corporelle, « communie », c'est-à-dire participe. Le Yin, modalité passive du Principe, est analogue à la notion catholique de Corps du Christ. Le Yang modalité active du Principe est interprété par ce-par-quoi ce Maître agit, autrement dit ce-par-quoi le disciple est-agit selon le taoïsme, le Ciel, analogue en théologie catholique à l’Esprit-Saint.

 

Jésus-Christ Lui-même, le fils de Dieu, est poussé par l’Esprit-Saint. Sainte Jeanne d’Arc explique qu’il ne lui est pas possible de savoir si l’Esprit-Saint la pousse ou non, si elle est ou non sous son emprise : « si je n’y suis Dieu m’y mette, si j’y suis Dieu m’y garde » dit-elle. Donc normalement, si l’expérience de sainte Jeanne d’Arc est généralisable, un chrétien ne sait pas s’il fait les œuvres de Dieu par l’Esprit-Saint. Le chrétien ne sait pas sur le moment s’il est poussé ou non par Dieu, mais sa connaissance conceptuelle théologique lui permet de savoir qu’il est possible à un homme d’être poussé par l’Esprit-Saint. De fait dans le nouveau testament, l’Esprit-Saint fait parler des chrétiens, mais semble-t-il sans parler lui-même explicitement. Quand le « ciel » parle explicitement, c’est toujours un ange qui est envoyé.

Du point de vue chrétien, on peut donc penser que le taoïsme a une connaissance conceptuelle analogue que nous venons de montrer. Ces écrits taoïstes chinois où Dieu ne parle pas, qui enseignent un Dieu masqué derrière un univers par lequel la raison humaine infère la personne du Dieu créateur, vont jusqu’à penser qu’il est possible d’agir par Dieu ! Malgré que sa manifestation ne soit visible que par les éléments « naturellement naturels ». Mais rappelons que certains Sages chinois connaissent « comme les génies, par intuition dans le Principe ». Ainsi cette connaissance théologique, qui n’est pas une parole, est de l’ordre de la connaissance philosophique mais aussi d’après le Tao, « infuse » par intuition.

 

Dans la culture chinoise, Dieu se manifeste par intuition, un catholique reste confondu devant tant de proximité de  Tchouang-tseu avec certains enseignements catholiques. Il faut aussi savoir que L’église catholique reconnaît l’action divine hors de sa sphère d’influence visible. « Il (Dieu) fait tout converger vers le Christ ; […] Il éveille par ailleurs dans le cœur des païens l’obscure attente de cette venue.[17] ».

 

Notons au sujet de cette obscure attente de la venue du Christ, que les chinois du Tao n’hésitent pas à incarner Dieu dans un homme nommé maître Linn de Hou-K’iou, ou bien Hou-k’iou-tzeu, ou bien Hou-tzeu. Cet homme profère entre autres des enseignements sur la genèse de l’univers. Il peut prendre l’aspect d’une manifestation du Principe (Dieu) mais le texte présente ce fait comme une histoire racontée. Le Lie-tzeu fait parler Hou-K’iou-tzeu ainsi : « je lui ai manifesté ma sortie du principe primordial avant les temps, une motion dans le vide sans forme apparente, …[18] ». Ou encore Tchouang-tseu fait parler Hou-tzeu : « Je me suis manifesté à lui, dans l’état de mon émanation du Principe [19]». Le nom Hou-tzeu (ou bien Hou-tseu) signifiant « calebasse » est une des représentations de la totalité en extrême orient[20]. Le nom Hou-tseu signifie donc Grand Tout, ou Principe, mais le texte le présente non comme le Principe, mais comme son émanation, c'est-à-dire comme l’une de ses deux modalités (La Terre et le Ciel). L’une des deux modalités du Principe (Dieu) est donc présenté comme une personne, de même que le Principe Lui-même. Le Principe et ses deux modalités sont donc vraisemblablements trois personnes (le Principe, la Terre, et le Ciel), de même que la Trinité chrétienne (Dieu le Père, le Fils, et l’Esprit Saint).

 

On se rappelle aussi d’après la bible, que Dieu se révèle au monde entier, judaïque et non judaïque, dans le cadre de l’alliance avec Noé. En (Gn 9,8) « Dieu adressa la parole à Noé et à ses fils ». Le signe divin de l’alliance avec Noé étant un arc dans le ciel (Gn 9, 13), sans doute l’arc multicolore qui apparaît quand la pluie est traversée par les rayons du soleil, on pouvait penser qu’ainsi, Dieu dit se manifester par l’entremise du monde sensible naturel aux hommes de cette alliance avec Noé, c'est-à-dire au monde entier : c’est effectivement ce que nous révèle le taoïsme chinois.

  

Auteur : Arnaud Barbey, amdbb@free.fr

Concernant la pratique de la théologie par des laïcs, elle est encouragée depuis le concile Vatican II : « Bien plus, il faut souhaiter que de nombreux laïcs reçoivent une formation suffisante dans les sciences sacrées, et que plusieurs parmi eux se livrent à ces études ex professo et les approfondissent. Mais, pour qu’ils puissent mener leur tâche à bien, qu’on reconnaisse aux fidèles, aux clercs comme aux laïcs, une juste liberté de recherche et de pensée, comme une juste liberté de faire connaître humblement et courageusement leur manière de voir, dans le domaine de leur compétence. » (Concile Vatican II, Gaudium et spes 62, 7).

t - la foi pour les nuls Noé taoïsme chinois t - la foi pour les nuls Un Dieu unique


[1] Rig Véda, traduction d’Alexandre Langlois, Section huitième, Lecture 7, hymne 10.

[2] Om : « est la manifestation primordiale du Verbe, origine du pouvoir divin [sakti] ; [ved¯anta] le son ‘a’ correspond à l’état de veille [jagrat], le son ‘u’ au rêve [svapna], le ‘m’ au sommeil profond [susupti], et le silence qui suit au 4e état [turıya] de libération » (Source : Dictionnaire Français-Sankrit, Gérard Huet, page 84 : http://sanskrit.inria.fr/). Dans le même dictionnaire, l’ « origine du pouvoir divin [sakti] », sakti semble parfois personnifié, cf. pages 16 et 93, et l’est vraiment page 52 où « Siva répond à des questions de Sakti ». Sakti ne semble pas le Dieu unique, mais il est souvent associé à des dieux. De même la bible présente semble-t-il un Dieu unique YHWH (La bible de Jérusalem le traduit par « Yahvé »), mais aussi des dieux, ou plutôt fils de Dieu que sont les Elohim (La bible de Jérusalem traduit ce pluriel par « Dieu »), et qui créent le monde (cf. Bible, livre de la Genèse, chap. 1, verset 1).

[3] Cosmogonie : Ensembles de récits mythiques ou de conjectures scientifiques, cherchant à expliquer l'origine et l'évolution de l'univers (Source : http://www.cnrtl.fr/lexicographie/cosmogonie - Centre National de Ressources textuelles et Lexicales).

[4] Marcel Griaule, Dieu d’Eau, Seconde journée, La première parole et la jupe de fibres.

[5] Extrait des chapitres 1 et 2 de Elan Noir, Les rites secrets des Sioux, textes recueillis et annotés par Joseph Epes Brown, éditions Le Mail 1992.

[6] Il s’agit de plusieurs récits, racontés en 1822, 1825 et 1833/1834, par divers officiants rituels de Tahiti et de Mo’orea, et recueillis par le le Révérend John M. Orsmond (1784-1856), dont certaines des notes furent conservés par sa petite fille Teuira Henry (1847-1915). Le résultat a été publié en 1928 par le Bishop Museum d'Honolulu (traduction française de B. Jaunez).

[7] Lao-tzeu, Tao Tei King, livre 1, Chapitre 22.

[8] Tchouang-tseu, Zhuang Zi, Chap. 22 C. Connaissance du Principe.

[9] Brihadaranyaka Upanishad, traduite et annotée par M. Buttex. D'après la version anglaise du Swami Madhavananda.

[10] (Exode 3, 14). Frédéric Godet, dans la Bible Annotee de Neuchâtel, explique :

« Je suis Celui qui suis. Le temps du texte hébreu n'est pas le présent, qui n'existe dans cette langue qu'au participe (étant, faisant). C'est le temps de l'action imparfaite, inachevée, c'est-à-dire qui continue : Je suis et serai. Ce qui fait que l'on a parfois traduit par le futur ; Je serai celui que je serai

Dans la néo vulgate, le temps rendu est aussi seulement au présent :

(Exode 3, 14 dans la néo vulgate) « Ego sum qui sum […] Qui sum misit me ad vos »

Notre traduction : « Moi suis celui qui suis  […] celui qui suis  a été envoyé par (le moyen de) moi auprès de vous »

Détail de notre traduction :

« Ego sum qui sum » - Notre traduction : « Moi suis celui qui suis »

EGO : pronoms personnels, nominatif singulier : moi

SUM : conjugaison de SUM et ses composés, 1 ére personne singulier présent indicatif actif : je suis

Qui : nominatif masculin ; lequel, qui, celui qui

« Qui sum misit me ad vos » - Notre traduction : « celui qui suis  a été envoyé par (le moyen de) moi auprès de vous »

          Qui : nominatif masculin ; lequel, qui

SUM : conjugaison de SUM et ses composés, 1 ére personne singulier présent indicatif actif : je suis

MISIT : la troisième conjugaison 1 er type active des verbes, 3 éme personne singulier parfait indicatif actif : il a été envoyé

Du verbe MITTO, IS, ERE, MISI, MISSUM, tr

laisser aller

envoyer v. t : lancer, jeter

lancer v. t : jeter avec force loin de soi

envoyer v. t : adresser, expédier

envoyer en dédicace

lancer v. t : proférer, dire

licencier v. t : congédier

dépêcher v. t : envoyer (quelqu'un)

ME : pronoms personnels, accusatif ou ablatif singulier : moi

AD : auprès de

VOS : pronoms personnels, accusatif pluriel : vous                                                                                                      

[11] Tchouang-tseu, Zhuang Zi, Chap. 22 K. Connaissance du Principe.

[12] (Job 37, 7) « Qui in manu omnium hominum signat, ut noverint singuli opera sua. » (Bible néo vulgate)

Notre traduction : « Lequel (Deus) dans la main de tous les hommes il marque d’un sceau, de sorte que un par un ils auront reconnu (par le moyen de) son oeuvre »

Autrement dit : « (Dieu) marque d’un sceau la main de tous les hommes, de sorte que un par un ils auront reconnu son oeuvre »

Détail de notre traduction :

“Qui in manu omnium hominum signat,” - Notre traduction : « lequel dans la main de tous les hommes il marque d’un sceau »

IN :  dans

MANU : la quatrième déclinaison des noms, ablatif singulier

MANU : la quatrième déclinaison des noms, datif singulier

corps d'armée, (troupe)

facture n. f : manière dont est traitée, réalisée une oeuvre de création

main n. f : partie du corps humain qui termine le bras

troupe n. f : assemblée, réunion de personnes

OMNIUM : la troisième déclinaison des noms parasyllabiques dont le génitif pluriel fini en IUM, génitif pluriel : tout, chaque, chacun

HOMINUM : la troisième déclinaison des noms imparasyllabiques dont le génitif pluriel fini en UM, génitif pluriel : homme

SIGNAT : la première conjugaison active des verbes, 3 éme personne singulier présent indicatif actif

marquer d'un sceau

monnayer v. t : convertir un métal en monnaie

sceller v. t : appliquer un sceau

caractériser v. t : constituer les traits caractéristiques de

empreindre v. t : imprimer en creux ou en relief par pression

graver v. t : (empreindre, mettre à la façon d'une marque), tracer en creux sur une surface dure

marquer v. t : (caractériser), mettre une marque sur

marquer d'un signe  

tracer v. t : marquer d'un signe

désigner v. t : (indiquer), annoncer, indiquer

indiquer v. t : (signaler), montrer, désigner de manière précise

signaler v. t : indiquer

“… ,ut noverint singuli opera sua.” - Notre traduction : « …, de sorte que un par un ils auront reconnu (par le moyen de) son oeuvre »

NOVERINT : la troisième conjugaison 1 er type active des verbes, 3 éme personne pluriel futur antérieur indicatif actif

NOVERINT : la troisième conjugaison 1 er type active des verbes, 3 éme personne pluriel parfait subjonctif actif

admettre v. t : (reconnaître), accepter pour valable, pour vrai

apprendre à connaître  

étudier v. t : apprendre à connaître

examiner v. t : (étudier), considérer, observer attentivement

reconnaître v. t : (admettre), admettre, tenir pour tel

reconnaître v. t : (quelqu'un ou quelque chose que l'on connaît), percevoir comme déjà connu

SINGULI : déclinaison des adjectif numéraux distributifs masculins, nominatif pluriel

SINGULI : déclinaison des adjectif numéraux distributifs masculins, vocatif pluriel

chacun en particulier, (un à un, un seul)

un par un, chacun un

OPERA : la première déclinaison des noms, nominatif singulier

OPERA : la première déclinaison des noms, vocatif singulier

OPERA : nom féminin, ablatif singulier

chef-d'oeuvre n. m : oeuvre d'un artiste

composition n. f : oeuvre

oeuvre n. f : (travail, oeuvre d'un artiste, dans le sens de acte), action, activité, travail

ouvrage n. m : (travail), besogne, travail

ouvrage d'un artiste

tâche n. f : (ouvrage, travail), ouvrage déterminé qui doit être exécuté

travail n. m : ouvrage que l'on fait

SUA : pronoms-adjectifs possesifs féminins, nominatif singulier

SUA : pronoms-adjectifs possesifs féminins, vocatif singulier

SUA : pronoms-adjectifs possesifs féminins, ablatif singulier : sa

[13] Certains mettent en doute la possibilité d’une personne invisible s’adressant à quelqu’un par une parole. Jeanne d’Arc qui entendait des voix d’esprits (anges et saints) serait aujourd’hui très souvent taxée de schizophrénie.  Le médecin neurologue bien connu Sigmund Freud rapporte pourtant qu’une personne sait distinguer une perception sensorielle extérieure d’une hallucination : « Et, à ce propos, on pense aussitôt aux hallucinations et au fait que le souvenir même le plus vif se laisse encore distinguer aussi bien de l'halluci­nation que de la perception extérieure » Sigmund Freud, Le moi et le ça, 1923, page 16, Editions Les classiques des sciences sociales,

Se procurer le livre gratuit : http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html

[14] De Lao-tzeu, Tao Tei King, livre 1, Chapitre 34

[15] Aux serviteurs de Dieu, saint Paul dit, « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ. » (1 Cor 11, 1).

[16] De Tchouang-tseu, Zhuang Zi, chap. 13.A, Influx du ciel, 4ème siècle av. JC.

[17] Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 522.

Nous ajoutons un interview du Cardinal Schönborn en 2015 : « L’unique Église du Christ subsiste dans l’Église catholique", subsistit in Ecclesia catholica. Ce n’est pas une identification pure et simple, comme dire que l’Église de Jésus-Christ est l’Église catholique. Cela a été déclaré par le Concile : "subsiste dans l’Église catholique", ensemble avec le Pape et les évêques légitimes. Le Concile ajoute cette phrase, qui est devenue la clé : "…bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures, éléments qui, appartenant proprement par don de Dieu à l’Église du Christ, appellent par eux-mêmes l’unité catholique". D’autres confessions, d’autres Églises, d’autres religions ne sont pas purement et simplement rien.

L’ecclésiologie de Vatican II exclut le tout ou rien.Tout cela se réalise dans l’Église catholique, mais il y a des éléments de vérité et de sainteté dans d’autres Églises, et même dans d’autres religions. Ces éléments sont des éléments de l’Église du Christ, et de par leur nature, tendent vers l’unité catholique et l’unité du genre humain, vers lequel l’Église elle-même tend, par anticipation, pour ainsi dire, du grand projet de Dieu qui est une unique Famille de Dieu, l’humanité. »

Source : article paru dans http://www.laciviltacattolica.it/it/quaderni/articolo/3667/matrimonio-e-conversione-pastorale-intervista-al-cardinale-christoph-sch%C3%B6nborn/ -- traduit en français par Yves Floucat dans http://www.france-catholique.fr/MARIAGE-ET-CONVERSION-PASTORALE.html

[18] Lie-tzeu, chapitre 1.

[19]  De Tchouang-tseu, Zhuang Zi, chap. 7.E.

[20] A ce sujet lire :

De Jean Lévi, Propos intempestifs sur le "Tchouang-Tseu": du meurtre de chaos à la révolte ... au bas de la page 32, éditions Allia, Paris, 2003.

De Schipper Kristofer M. Conférence de M. Kristofer M. Schipper. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 87, 1978-1979. 1978. pp. 113-117. 

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